Épître aux confinés

Ici, chaque jour du confinement, vous trouverez une idée, un texte, une méditation, une vidéo, pour rester en lien avec Dieu, avec la bible, avec l'eglise

Nous ne pouvons plus nous rencontrer pour une période indéterminée, pourtant la vie de l’Eglise ne s’arrête pas. C’est pourquoi nous ouvrons cette page où chaque jour, vous pourrez découvrir une réflexion, un texte, une image, une idée pour maintenir le lien.

Ces idées, n’hésitez pas à les partager autour de vous, notamment avec celles et ceux qui n’auraient pas d’accès internet.

Les chapitres de l’épître disparaissent au fur et à mesure : vous pourrez retrouver les vidéo-cultes dans la section Prédications, les épisodes de Imaginezebible, ici (et bientôt leurs solutions) et les réflexions de Melanie

N’hésitez pas non plus à nous envoyer vos propres idées, vos propres réflexions ou découvertes, afin de nous aider à alimenter cette page

Ainsi, dans l’attente de pouvoir nous retrouver, nous ne serons pas tout à fait séparés, nous continuerons à être l’Eglise du Christ.

Dimanche 31 mai

Dimanche 24 mai

Jeudi 21 mai : Ascension

Mardi 19 mai

Lundi 18 mai

Dimanche 17 mai

Samedi 16 mai

Jeudi 14 mai

Mercredi 13 mai

Mardi 12 mai

Lundi 11 mai

Dimanche 10 mai

La bible nous interroge

Samedi 9 mai

Donner du goût au monde : éléments pour une séance de catéchisme en famille

 

La Bible nous interroge

N’hésitez pas à participer : vous pouvez envoyer au pasteur Eric George deux questions que vous pose un texte biblique (des questions existentielles, qui permettent à chacun de réfléchir) par écrit ou, encore mieux, en vous filmant. 

 

Vendredi 8 mai

Jeudi 7 mai

Mercredi 6 mai

Mardi 5 mai

Des nouvelles des kt 3 et 4, par Caroline

Notre première rencontre virtuelle le 19 avril avait réuni six de nos catéchètes, Alexandre, Elise, Lousika, Armelle, Paul et Nicolas, autour du pasteur Ruth-Annie Coyault, et de l’équipe des trois responsables. Les jeunes semblaient heureux de se retrouver et d’exprimer leurs impressions après un mois de confinement : il fut question, entre autre, du manque cruel de sport et de la difficulté du partage de réseau en famille.

La maison construite sur le roc ou construite sur le sable était un sujet bien adapté au contexte de confinement : nos habitudes ont changé par la force des évènements en fermant certains espaces de liberté mais en ouvrant aussi de nouveaux. Le texte de Matthieu 7,21 à 27 met en garde contre une parole écoutée, une référence à Dieu revendiquée mais qui oublie la mise en pratique. Le roc c’est le Christ, ni les hommes, ni soi-même : nous sommes invités à choisir la confiance en Dieu, père, fils et saint Esprit pour l’édification de notre vie.

 

Ce 3 mai, notre groupe fut restreint à quatre jeunes, deux catéchètes ayant été malheureusement orientés sur une fausse piste de rassemblement. La justice de Dieu selon Matthieu 5, 38 fut le centre de nos échanges. La loi du Talion, héritée de temps très anciens et qui appelle la vengeance à hauteur de l’affront, a été établi pour organiser plus pacifiquement les affrontements au sein des tribus d’Israël, qui se perpétuaient de génération en génération. Ces lois défendues par les pharisiens sont dénoncées par Jésus : comment comprendre alors la nouvelle exhortation de Jésus à subir doublement le prix de l’humiliation, à payer l’offense jusqu’au dépouillement total et à servir l’occupant plus encore qu’il ne le demande ?

Appliquer la loi c’est enfermer l’autre dans sa faute, empêcher toute relation nouvelle. La violence est en chacun de nous, et la vengeance ne désarme pas la violence. Seul le pardon, que suscite le commandement d’amour en vient à bout.

Caroline Peuchot

Lundi 4 mai

Une méditation d’ Etty Hillesum, partagée par Claire Mourier :

« oui mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier une situation finalement indissociable de cette vie. Je ne t’en demande pas compte, c’est à toi au contraire de nous appeler à rendre des comptes un jour. Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon coeur que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous. »(prière du dimanche 12 juillet 1942).

Dimanche 3 mai

Samedi 2 mai

Vendredi 1er mai

Si vous aussi, les textes bibliques vous questionnent, n’hésitez pas à partager vos questions, envoyez vos vidéo au pasteur Eric George

Jeudi 30 avril

Une réflexion de Melanie sur Matthieu 25, 14 à 30

LE CONTEXTE :

Il se trouve au sein des 2 chapitres (24 et 25) dédiés à la venue du Fils de l’homme ;   entre la paraboles des 10 vierges (qu’on vient de voir) et le jugement des nations par le Fils de l’homme, ce qui n’est pas anodin, en particulier en ce qui concerne le texte du jugement, car l’aune à laquelle les hommes seront jugés est celle de la miséricorde envers les plus faibles :  « toutes les fois où vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères c’est à moi que vous les avez faites » Mt 25,40)

 Jésus est à Jérusalem et se prépare à aller vers sa mort : avec le chapitre 26 commence le récit de sa passion.

Il existe une « parallèle » chez Luc 19,12-27, mais elle diffère de manière si importante de celle de Matthieu qu’elles ont probablement des origines différentes.

UNE PARABOLE DE JUGEMENT :

Si la première partie de la parabole est d’origine, les versets 29 et 30 y ont été rajoutés ultérieurement.  Elles orientent la parabole clairement vers le jugement dernier.

  • Le verset 29 – un exemple typique de texte de la sagesse – qui l’oriente clairement vers le jugement dernier et le royaume des cieux.  Ce verset se retrouve également chez Marc (4,25) mais dans un contexte bien différent, ce qui tend à prouver son rajout ultérieur
  • La mention des « ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents » se retrouve également dans d’autres textes sur le jugement dernier chez Matthieu (8,12 ; 13,42 ; 22,13).  Matthieu se plaît à décrire les enfers sans donner autant de précisions sur le royaume des cieux… Il ajoute une (terrible) punition pour le 3ème esclave là où avant il n’y en avait pas.

LES TALENTS :

  • Dans le texte de Luc il s’agit de « mines ». Mines et talents sont  2 unités de mesure pour l’argent, sans pour autant être des pièces réelles comme les drachmes.  1 mine (=100 drachmes) était grosso modo le prix d’un âne ou d’une vache (une petite somme pour le roi dans l’histoire de Luc qui est pourtant censé être riche…).  Par contre dans le texte de Matthieu on passe à des sommes énormes :   1 talent vaut 60 mines.   Un des péchés mignons de Matthieu c’est de jouer avec des sommes invraisemblables ;  on pense à La parabole du serviteur impitoyable sur laquelle on avait également déjà travaillé.

Dans ce contexte si le maître leur dit qu’ils ont été fidèles « en peu de choses », compte tenu des sommes engagées (l’équivalent de 300 vaches pour le 1er serviteur !) cela parait bizarre – sauf si nous transposons cette phrases dans le Royaumes des Cieux :  car qu’est-ce que 300 vaches par rapport au droit d’entrer dans le Royaume des Cieux…

  • Mais le mot « talent », associé à la phrase que « le maître donne « à chacun selon ses capacités » peut aussi être interprété de manière moins littérale. A la lumière de 1 Cor 12 c’est une interprétation qui est tout à fait valable et qui aide à comprendre et interpréter la parabole.  Evidemment, son double-sens français nous y incite fortement. 
  • Il est à noter que les esclaves reçoivent la même récompense pour des résultats différents et que le 3ème esclave aurait encore été « dans les clous » s’il s’était contenté d’apporter le talent à la banque (c’est-à-dire chez un changeur), auquel cas il aurait probablement reçu dans les 10% d’intérêts (par rapport au livret A ça fait rêver !), même si c’est loin du doublement des deux autres esclaves.

LA REACTION DES ESCLAVES :

La traduction parle de serviteurs, mais il s’agissait vraisemblablement d’esclaves.  Le commerce était réservé aux hommes libres, ils n’avaient donc pas le droit de faire fructifier l’argent pour eux-mêmes ;  les gains revenaient forcément à leur maître (qui pouvait en faire ce qu’il voulait). 

  • Le maître part pour un temps indéterminé en laissant à chacun de ces 3 esclaves une certaine somme d’argent et dans préciser (contrairement à Luc), ce qu’ils devaient en faire.  L’histoire semble induire qu’ils savent ce que leur maître attend d’eux :  le faire fructifier
  • Deux des esclaves doublent leur mise (il n’est pas précisé comment, comme il n’est pas précisé en combien de temps , mais cela ne semble pas forcément induire des méthodes très « honnêtes »). 
    • En récompense leur maître leur « confiera beaucoup » et ils « entrent dans la joie de leur maître » ce qui relève du vocabulaire eschatologique (une façon de dire qu’ils vont entrer au Royaume des Cieux ;  un probable rajout de la main de Matthieu)
    • Leur maître les qualifie de « fidèles » – ce qui contraste avec l’attitude et la caractérisation du 3ème esclave
  • Le 3ème esclave enterre le talent. Ce qui était reconnu à l’époque comme un moyen de garde sécurisé ; on ne peut pas lui reprocher de ne pas en avoir pris soin.

On ne peut pas reprocher au 3ème esclave d’avoir agi imprudemment et un certain nombre de lecteurs pouvaient et peuvent certainement s’identifier à lui ;  car l’histoire ne dit pas non plus ce qui serait arrivé si l’un des esclaves avaient mal spéculé et perdu l’argent qu’on lui avait confié.  Il n’empêche, ce n’était pas ce qu’attendait de lui son maître.

  • En « punition » on lui enlève son talent pour le donner à celui qui en avait le plus et son maître ne lui confiera certainement plus aucune tâche à responsabilité économique (ce qui devrait le soulager vu qu’il ne savait déjà pas comment faire fructifier ce talent-là).  Dans un deuxième temps (verset 30 qui est un rajout tardif) on lui annonce en plus la géhenne
  • Son maître le qualifie de méchant et de peureux / craintif (la traduction « paresseux » est impropre)
  • Lui-même a un comportement vis-à-vis de son maître qui oscille entre la peur et l’insolence ce qui peut refroidir certains de ceux qui auraient pu s’identifier à lui

LE MAITRE, UN HOMME DUR ?

  • Le 3ème esclave caractérise le maître d’homme dur et égoïste, limite de voleur qui s’approprie ce qui ne lui appartient pas – une sorte de super-capitaliste en quelque sorte – ce que le maître ne réfute d’ailleurs nullement.  Deux interprétation possible :
    • Il l’est et il souscrit à l’analyse de l’esclave
    • Il mesure la réaction de l’esclave à cette analyse, c’est-à-dire qu’il lui laisse entendre que s’il savait tout ça et qu’il n’a quand-même pas essayé de faire fructifier l’argent (même pas en le mettant à la banque) c’est qu’il est particulièrement stupide
  • De manière intéressante, le maître fait partie de toute une série de personnages ni très sympathiques ni très recommandables (Luc 16, 1-8 ; Luc 18,1-8 ; Matthieu 13,44) que Jésus utilise pour illustrer son propos dans certaines de ses paraboles.  La clef de l’interprétation se trouve peut-être justement là :  pourquoi utiliser des personnages antipathiques auxquels on peine à s’identifier ?

DES PISTES D’INTERPRETATION :

  • La réaction du 3ème esclave (mettre l’argent en lieu sûr ce qui évite d’en perdre une partie dans des spéculations hasardeuses) peut être parfaitement comprise par une partie des auditeurs (avec le livret A, on fait bien pareil alors qu’il vaudrait mieux acheter des actions…).  Mais en faisant ça il contrevient aux ordres de son maître qui lui a demandé de faire fructifier ce qu’il lui a confié.  Il n’a même pas pensé à le mettre en banque – et c’est là qu’il se met en faute. Non il n’avait pas besoin de spéculer et d’en doubler la valeur ; il suffisait de le mettre dans un placement sûr et moins rémunérateur comme la banque.  Mais même ça il n’a pas voulu ou pas été capable de le faire.

Matthieu essaye de convaincre tous ceux qui avaient de la sympathie pour le 3ème esclave (et il devait y en avoir un certain nombre dans sa communauté) à faire ce changement de perspective :  non l’esclave n’a pas mal agi en soi, mais il est contrevenu aux ordres de son maître et c’est en cela que réside sa faute.

  • La peur est mauvaise conseillère:  C’est par la peur de son maître que l’esclave explique son comportement.  Visiblement, cette peur l’a tellement paralysé qu’il n’a pas été capable de réfléchir à une solution aussi simple que la banque. La peur résulte dans la paralysie.
  • Pourquoi Jésus utilise-t-il des personnages « antipathiques » dans ses paraboles ?  Comme on ne peut pas s’identifier à eux, il veut concentrer les regards sur un thème bien précis de la parabole ;  ici c’est:
    • L’action vs l’inaction.  Le 3ème esclave n’a pas mal agi en soi.  Il a mal agi par rapport aux instructions de son maître.  Pour nous cela veut dire :  nous chrétiens qui avons tous reçu, chacun à son niveau, un (ou plusieurs) don(s) de Dieu nous sommes tenus de l(es)’utiliser, le(s) mettre en œuvre et en action.  Peu importe si on se donne à fond ou si on est plus timoré, moins sûrs dans nos actions, si on a des doutes. La seule chose qu’on n’a pas le droit de faire c’est de gâcher ce don de Dieu en ne faisant RIEN ;  ou pour le dire avec les mots du Sermon sur la Montagne :  « on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau » (Mt 5,15). 

Avec Matthieu on est toujours dans l’appel à résultat :  le chrétien n’est chrétien que s’il est en action, si la parole de Dieu est suivi d’effets concrets, s’il porte des fruits.  Ce texte comme les autres est à lire à l’aune du Sermon sur la Montagne et ce n’est certainement pas un hasard (il n’y a pas de hasard chez Matthieu) si ce texte est suivi de celui sur le jugement des nations où l’aune est la miséricorde.

  • Alternativement, on peut identifier le maître avec Dieu ou Jésus, cela se défend, et ce d’autant plus que le couple maître – esclave est souvent synonyme de Jésus – croyant.  Néanmoins, si on peut voir dans le maître le Dieu sévère du jugement dernier, il me parait plus délicat d’identifier Jésus à un maître dur et cupide dont le seul but est l’amassement de richesses.
  • Je ne pense pas que Jésus veuille faire de nous de parfaits capitalistes capable de faire fructifier notre argent à tout prix (encore que je n’exclue pas que certains, notamment dans le protestantisme, aient pu le comprendre comme ça, mais pour moi c’est détourner le texte de son but premier).  Il faut lire cette parabole dans le contexte de l’évangile de Matthieu (et plus encore de l’Evangile de Jésus Christ) :  les biens dont il est question ici sont des biens immatériels et ceux qui les gâchent devront en répondre devant Dieu au moment du jugement dernier (le jugement n’est jamais loin non plus avec Matthieu, mais il faut le comprendre :  il devait constamment remotiver une communauté qui face à un retour de Jésus qui se faisait de plus en plus attendre avait tendance à se décourager, à baisser les bras et, visiblement, à attendre sans rien faire).

Je pense important d’insister sur le fait que CHACUN a reçu des dons de Dieu, comme chacun de nous a une valeur pour Dieu, et qu’il faut avoir le courage de les utiliser.  L’inhibition, la peur, le sentiment qu’on a moins de valeur que d’autres qui ont l’air d’avoir reçu tous les dons de la terre, peuvent nous empêcher d’agir.  Mais agir pour le bien des autres, ce n’est pas si difficile et la récompense est souvent énorme (et pas seulement au ciel !).

La Bible nous interroge

Mercredi 29 avril

Mardi 28 avril

Lundi 27 avril

Dimanche 26 avril

Samedi 25 avril

Vendredi 24 avril

Mardi 21 avril

Melanie continue sa lecture des béatitudes

Tout d’abord une généralité :  on pense communément que les antithèses sont formulées en opposition à la pratique / croyance juive commune.  C’est parfaitement faux.  Ce que nous prenons pour une radicalisation chrétienne se trouve généralement déjà dans la pensée juive, mais s’exprimait dans la continuité des textes bibliques.  La différence avec Jésus c’est que lui met en opposition un texte biblique* et une pratique.  C’est en cela que réside réellement la nouveauté.

* Je dis texte biblique, mais de fait, les antithèses ne sont pas toujours basés sur une citation de l’Ancien Testament.  Ou avez-vous déjà lu quelque part (ensemble) qu’il fallait « aimer son prochain et haïr son ennemi » ?

Voici donc le texte de la 5ème antithèse :

38 Vous avez appris qu’il a été dit: œil pour œil, et dent pour dent.

39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.

40 Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

41 Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.

42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.

Tout d’abord une mise au point :  Œil pour œil, dent pour dent (Exode 21,24), aussi appelé loi du talion, nous apparait comme une pratique barbare, mais c’était en fait une grande amélioration par rapport à des vendettas qui exterminaient des familles entières (ceux qui ont lu Colomba de Prosper Mérimée, savent de quoi je parle – et ça c’était au XIX siècle en corse !). La loi du talion permettait de régler un différend en donnant à la partie lésée l’équivalent de ce qu’elle avait perdu. Dans les faits, « l’objet » était généralement remplacé par une amende à hauteur de la « valeur » de l’objet (et de son âge :  à 60 ans on valait nettement moins cher qu’à 20 où on représentait une certaine force de travail). La loi du talion existait d’ailleurs bien avant l’Ancien Testament : elle date du Codex Hammurabi (1730 avant J.C.). Pour ceux que ça intéresse : le Codex Hammourabi se trouve au Louvre.  C’est une grande stèle de pierre noire couverte d’inscriptions cunéiformes que j’ai découvert pour la première fois avec beaucoup d’émotions lors de mes études de théologie, il y a bien longtemps.

 

 

Ça c’est pour la partie « thèse ».  La partie « antithèse » est plus riche qu’elle n’en a l’air :

 

  • Avez-vous déjà essayé (à moins d’être gaucher) de frapper quelqu’un sur sa joue droite en vous tenant face à lui ?  Pas simple !  Alors pourquoi la joue droite ? De fait, dans les procès au civil un débiteur insolvable pouvait être giflé par son créancier (voire le juge) pour montrer que c’était un bon à rien. La gifle étant plus symbolique que réelle, plus humiliante que douloureuse, elle était appliquée par le revers de la main.  Elle était là pour humilier le fautif, pas pour lui faire mal (encore que, en frappant assez fort, même avec le revers on peut faire des dégâts). Tendre l’autre joue c’était donc doubler l’humiliation.
  • Il en va de même avec la tunique et le manteau.  Un débiteur pouvait se voir infliger d’être dessaisi de sa tunique an faveur de son créancier ;  il se trouvait donc pratiquement nu, avec juste son manteau pour préserver sa pudeur ;  une telle saisie représentait un grand moment de honte pour le débiteur, mais c’était loin d’être un cas rare.  Or, le manteau ne pouvait être saisi (ou devait être rendu avant la tombée de la nuit) car il servait également de « lit ».  Le donner à son créancier voulait donc dire se retrouver littéralement avec RIEN.
  • Pour les milles c’est un peu différent, mais va dans le même sens :  les troupes romaines avaient le droit de saisir les attelages des paysan et les obliger à transporter leur matériel sur une distance maximum d’un mille.  Cela interrompait évidemment les travaux des champs, et bien entendu les paysans n’étaient pas indemnisés. Doubler le nombre de milles c’était donc doubler le temps où l’attelage ne servirait pas aux travaux des champs.

 

Le point commun de ces trois exemples, issus du droit de l’époque, c’est que la personne subissait la violence de l’occupant (qui avait forcément le droit pour lui) ou celle du tribunal qui ne faisait qu’appliquer les lois, mais en le faisant ne tenait aucun compte de la misère épouvantable d’une grande partie des paysans de Palestine écrasés d’impôts et dont une mauvaise récolte pouvait anéantir une existence.

Et que nous dit Jésus? De celui qui subit, deviens celui qui agit.  Retourne la situation.  Devant l’humiliation il te reste une chose :  c’est ta dignité.  Et ta dignité si tu redresses la tête et que tu te rappelles que parce que Dieu aime chacune de ses créatures et que tu as une valeur intrinsèque pour lui, et bien, personne ne peut te la prendre.  Ta dignité est entre les mains de Dieu et c’est là que tu peux puiser ta force.

Retourner la situation, c’est plus facilement dit que fait.  Combien de fois avons-nous subi des situations humiliantes ou toutes les répliques cinglantes que nous aurions pu opposer à notre tourmenteur nous sont venues à foison – après, bien trop tard.  Pas facile d’avoir de la répartie.

Mais en fait, ce n’est pas ce que dit Jésus.  Jésus dit d’abonder dans le sens de celui qui nous humilie.  Lui dire : « absolument, tu as raison », et par là démonter le mécanisme d’humiliation.  L’humiliation vit de ce que celui qui est visé baisse la tête, subisse, ait peur, courbe l’échine.  Mais s’il redresse la tête, regarde son tourmenteur bien en face et lui répond :  oui, bien sûr que je suis un imbécile / gros / moche / incapable.  Et toi, qui est tu ?  Le tourmenteur sera pris de court et de munition.

Bon, je ne dis pas que ça marche à tous les coups et devant un comportement ouvertement violent, mieux vaut faire profil bas.  Mais ça me rappelle aussi ce que me racontait une amie d’un cours d’autodéfense :  Au lieu d’opposer de la résistance à celui qui essaye de t’arracher le sac à main, mieux vaut courir dans la même direction que lui.  L’effet de surprise est tel que les chances de récupérer le sac à main ne sont pas négligeables…

Melanie Villard

Jouons un peu (en poésie)

Trois quatrains sur Pâques avec les rimes imposées -able et -ire

Que ce Dieu est affable
Qui nous invite à sa table
Tous ensemble pour nous réunir
Et écouter son précieux dire
Il n’était pas coupable
Il n’aurait pas dû mourir
Mais son amour est fiable…
Et nous ouvre l’avenir…
Le voile du temple se déchire
Et Dieu n’est plus infréquentable
Et l’être humain n’est plus jetable
Et l’amour vrai ne peut finir
Jérémie D.
Marianne G.
Eric G.

A vos plumes, sur le thème du voyage, avec les rimes -eur et -ion

 

Dimanche 19 avril

Vendredi 17 avril 

La résurrection et la création

« Abraham est devant le Dieu qu’il a cru, celui qui fait vivre les morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas. »

Romains 4, 17

La Bible aime bien mettre les choses dans le désordre : logiquement, on proclamerait plutôt que Dieu est celui qui créée avant d’être celui qui ressuscite. Mais dans l’expérience d’Abraham, Dieu est bien celui qui les fait revivre, Sarah et lui, avant d’être celui qui appelle Isaac à l’existence…

Et n’en va-t-il pas de même pour nous, en ce temps d’épidémie et de quarantaine ? Ne sommes-nous pas appelés à croire au Dieu qui d’abord fait vivre les morts ?

Dans l’impossibilité de rencontrer nos amis, parfois nos familles, prisonniers de nos propres maisons, peut-être nous sentons nous quelques peu morts… Et pourtant, ce temps peut être aussi un temps de résurrection, un temps où nous faisons l’expérience de la soif et de l’urgence de vivre, un temps pour faire la part entre ce qui compte vraiment et ce qui encombre, entre la vie et la mort.  Et pour que cette distinction soit féconde, j’ai besoin de Dieu, j’ai besoin qu’il m’aide à transformer l’enfermement en passage, la quarantaine en Pâques… Et ce temps de résurrection m’interroge sur demain, crois-je au Dieu qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas

Le monde d’après l’épidémie n’a jamais existé, il n’existe pas dans les projets des politiques, des futurologues et des économistes, il n’existe pas dans les idéaux des militants, ni même dans l’espérance des chrétiens. Il n’existe pas mais il vient. Bien sûr, c’est nous qui, comme Abraham et Sarah ont engendré Isaac, le ferons naître. Mais nous ne le ferons pas naître seuls, nous aurons besoin de la Parole de Dieu, de son commandement d’amour pour que ce monde soit riant. 

Croirons-nous en celui qui fait vivre les morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas ?

Eric George

Le texte de l’instant communion pour ce soir est ici

Jouons un peu

A vous de laisser aller votre créativité, un thème et deux rimes (aujourd’hui le thème est Pâques et les rimes -ire et -able pour composer un quatrain. Les rimes peuvent être plates (aabb), croisées (abab) ou embrassées (abba). Envoyez-nous vos oeuvres !

 

Dimanche 12 avril : Les puissances de la mort ont été vaincues !!!!

Une trentaine de pasteurs de l’EPUdF ont réagit en vidéo à « Jésus est ressuscité, et alors ? »

 

Vendredi 10 avril

Les dernières paroles de Jésus sur la croix, par Melanie

Jeudi 9 avril

 

Réflexion sur le dernier repas (par Melanie)

Mardi 7 avril

Le texte de la prière de l’Instantcommunion d’aujourd’hui est ici

Les béatitudes 8 à 10 (Melanie)

Avec les 3 dernières Béatitudes qui traitent du même sujet, je termine ma petite série sur les Béatitudes :

10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!

11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.

12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

Le verset 10 termine la 2ème série de 4 Béatitudes et les 2 dernières sont à part, à la fois par leur longueur, leur dissymétrie par rapport aux Béatitudes précédentes qui étaient toutes formées sur le même modèle et par le changement de la 3ème à la 2ème personne du pluriel .

Par ailleurs, les versets 11 et 12 se retrouvent également chez Luc 6, 21 et 22, dont les Béatitudes sont beaucoup moins nombreuses que celles de Matthieu (et elle formaient probablement la base sur laquelle Matthieu et / ou d’autres rédacteurs se sont appuyés pour former celles de Matthieu 5).

Pour rappel, la justice selon Matthieu, n’est pas la justice comme nous l’entendons aujourd’hui, mais une vie selon les commandements du Christ, et en particulier celui de l’amour et confesser sa foi en Christ.  C’est pour cette justice que la communauté de Matthieu était attaquée. Par les communautés juives d’abord  (avant que les Romains ne détruisent le Temple en 70 AD et que le peuple juif ne soit dispersé à travers tout l’Empire), suivi des persécutions par les Romains sous Domitien ( 81-96 AD). 

Si on ne peut pas en dire autant de nous, occidentaux, aujourd’hui,  c’est pourtant de la même manière que de nombreux chrétiens sont persécutés aujourd’hui, de plus en plus souvent et de plus en plus violemment. Il semble que pour certains, même si leur religion professe la paix, les relations entre communautés religieuses ne peuvent se vivre que dans un affrontement violent ; eux ou nous.  

C’est pourquoi je voudrais dédier ces 3 Béatitudes en particulier aux Chrétiens d’Orient qui descendent en droite ligne de la communauté de Matthieu (un chrétien de Syrie !), persécutés, chassé, tués, réduits en esclavage, interdits de culte.  Présents en Orient depuis 2.000 ans, bien avant la conquête musulmane, ils vivent aujourd’hui dans leur chair, ce que les premiers Chrétiens vivaient déjà sous l’occupation romaine.  Avec l’arrivée du « Califat » de Daech, 70% des Chrétiens ont dû quitter leur région d’origine.  Après la déroute de Daech, ils hésitent à revenir car ils continuent à être persécutés par les communautés musulmanes qui aimeraient bien les voir disparaitre définitivement.  Des régions chrétiennes depuis les tout débuts de la Chrétientés deviennent des déserts chrétiens.

 

Et si Jésus leur annonce allégresse et récompense dans un futur malheureusement bien lointain encore, dans les cieux, nous de notre côté pouvons les soutenir par nos prières, nos pensées, nos dons aussi pour que le nom de Jésus Christ puisse continuer à rayonner qu’on puisse prononcer, chanter, prier son nom  dans des contrées si anciennement chrétiennes.

Lundi 6 avril

Suite à un problème technique, les précédentes chapitres de notre épître ont été effacées. Pas de panique, vos retrouverez bientôt les réflexions antérieures de Melanie et les épisodes de ImaginezeBible.

Le texte de la prière de lInstantcommunion d’aujourd’hui est ici

Les béatitudes 7 (Melanie)

Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!

Ceux qui procurent la paix :  A ne pas confondre avec les pacifistes.  Comme toujours avec Matthieu on est dans l’action.  D’autre part, dans la sagesse juive (où notre Béatitude trouve son origine), œuvrer pour la paix est une notion cruciale, mais il s’agit moins de la paix entre les états que de la paix entre les hommes.  

Et ceux de ses lecteurs qui auront lu l’évangile jusqu’au bout et suivi le cheminement de Jésus vers Jérusalem (nous arrivons justement en semaine Sainte…) aurons pu apprécier à quel point le Christ aura tenté d’œuvrer pour la paix avec ceux qui veulent attenter à sa vie :  il passe la première moitié de la semaine de Pâques en discussions dans le Temple avec ceux qui veulent sa peau. 

Compte tenu du résultat – sa crucifixion – on peut penser qu’il a échoué.  Ou on peut penser que ce qui dans l’idée de ses adversaire devait mourir avec lui était au contraire promis à un grand avenir, puisqu’il a fait de ses disciples, et de nous, autant d’ouvriers pour la paix – pas toujours couronnés de succès, il faut bien le dire.  Mais l’exemple-même de Jésus, son amour du prochain, ses appels à aimer même ses ennemis – appel tout à fait unique en son genre ! – sont autant d’aiguillons pour que nous continuions à œuvrer pour la paix entre les hommes, malgré les difficultés, malgré nos insuffisances, malgré nos réticences aussi parfois. 

Pour des relations et des dialogues apaisés.  Pour éviter les mots qui blessent, irréfléchis.  Pour aller vers l’autre même quand il nous a blessé.  Car tant de choses peuvent s’apaiser si on met des mots dessus.  Et tant de choses sont peut-être moins graves si on y réfléchit bien et qu’on en discute.

Notre Béatitude nous renvoie bien entendu vers les versets 44 et 45 de Matthieu 5,44-48:

Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,

45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes

Et ce à double titre.  Pour l’œuvre de paix à travers l’amour de l’ennemi bien entendu, mais aussi pour ces ce mots, presque identiques à ceux de notre Béatitude :  car vous serez appelés fils de votre Père.  Fils de notre Père, comme Jésus est Fils de Dieu, ce que le lecteur attentif a appris dans le chapitre 3 lors du baptême de Jésus :  « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. ».

Nous, enfants de Dieu, quelle incroyable promesse !  A nous d’œuvrer pour la paix pour en être digne !

 

Dimanche 5 avril

 

 

Contact